Le Vampire derrière l'Empereur...

Beaucoup de choses ont changer vous savez...
Beaucoup trop pour que je vous les content toutes pour le moment...
Tout ce que je peux vous dire, c'est que ma chère Thétis et le grand Khéops ne sont plus...
Je les aient toujours servit, mais au fond de moi, pendant tous ces siècles passés à leurs côtés, je savais qu'ils n'étaient pas dignes d'être les maîtres incontestés de notre noble race. Qui les a créer ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je pense d'ailleurs que personne ne le sait, mais tous ça pour vous dire qu'il aurait mieux fait de prendre les rennes au lieu de créer deux rejetons pareils...Je me suis sentis trahis à leur mort...Moi qui avait tellement confiance en la cruauté de Khéops, et en la libido de Thétis...Mais après tous, il fallait s'y attendre, un peuple aussi faible et aussi puérile que celui des Egyptiens ne pouvait pas être nos racines à nous, Vampires. Je n'ai jamais pensé à leur demander qui était leur créateur. Mais vu la force qui découlait de ces deux âmes, je pense que le vampire les ayant fait naître sous le signe de la lune devait être d'une force prodigieuse.
Seul un véritable Empereur pouvait se prétendre seul et unique Roi des Nocturnes. Un Nocturne comme moi...Seulement aucuns de ces cloportes n'a jamais voulu m'écouter...Ils ne voyaient en moi qu'un simple fou avide de massacres et de paires de fesses bien rebondies. Bien fait pour eux ! Leurs deux vampires chéris sont partit en poussière du jour au lendemain...Le pire voyez-vous, c'est qu'ils nous ont légué une sorte de petit sôt pour nous diriger. N'est-ce pas ridicule ? M'enfin, mon peuple a fait pareil après ma mort, sauf qu'Elagabal, lui, même enfant, avait une certaine préstence, un goût pour le sang et une attirance toute particulière pour le plaisir charnel, alors que le dénommé Soah, fils de Khéops et Thétis, a à peine l'âge de quitter le sein maternel...Comprennez mon dégoût.
De toute façon, je n'ai pas l'intention de les laisser aussi impunément souiller la race vampirique. Certes, ce jeune enfant possède d'étranges pouvoirs télépathiques, mais je doute qu'il puisse résister contre mes tortures les plus abominables.

D'ailleurs, j'avais quitter la ville un moment pour réfléchir à tout cela. Au début, être gouverné par un mioche ne me dérangeait pas ou du moins, pas trop. Je voyais en lui la réincarnation de ses parents, la prochaine lignée des grands vampires. Mais il ce trouve qu'il n'est rien de tout cela. Je refuse désormais catégoriquement de me faire commander par un enfant à peine capable de formuler une phrase correcte. Moi ! Et moi seul est digne d'être à sa place ! Thétis et Khéops était donc ainsi ? Trop orgueilleux pour faire don de leur trône à leurs sujets les plus compétents ? Quand je pense que j'étais prêt à mourir pour eux, et qu'en retour, je n'ai rien eu...

Quand c'est ainsi, je préfère être seul...
De plus, si c'est uniquement dans le but de vagabonder dans Ambrelune et devoir cotoyer les lécheurs de pompes de Soah, non merci.
Seul les paysages macabres et froids sont capables de me réconforter en ces temps.
J'avais décidé de faire un tour près du pont menant à Ambrelune. Il fallait bien que j'y retourne tôt ou tard, ne serait-ce que pour me nourrir même si j'avoue que le geste se fait de plus en plus rare. Alors, autant profiter du merveilleux tableau qui s'offrait à moi avec ce pont.
On racontait beaucoup d'histoires sur ce fameux pont, comme quoi il était un portail vers un autre monde...Si c'est bel et bien le cas, j'espère que cela n'est pas le royaume des morts qui se trouve de l'autre côté. Je reverrais trop de victimes et de mes ennemis et surtout, je reverrais ces deux infâmes vampires...Mais, ça serait aussi l'occasion de rencontrer le premier vampire...Un être à ma hauteur...

Je suis assis là, sur le bord du pont. Sous ce dernier, l'eau gelée reflète ma silouhète ne laissant apparaître qu'une vague ombre vêtue de noir. Le vent froid souffle, emportant quelque fois mon manteau de cuir avec lui ainsi que quelques feuilles mortes n'ayant pas succombé à la glace. Je sens le doux parfum de la mort voler dans l'air. Les arbres sans pelage grimacent dans mon esprit, et leurs branches au printemps si belles, se tordent sous le froid, comme des animaux agonisants. Le ciel est noir, mais plus pour longtemps, je le sais. Le soleil ne va pas tarder à se lever dans quelques heures ou tout au pire, dans quelques trentaines de minutes. Là, je serais forcé de m'abriter, et je n'aurais pas d'autres choix que de repénétrer dans Ambrelune, malgré tout le dégoût que je porte à ces êtres profondéments pathétiques qui peuplent la cité pourtant si belle dans toute sa tristesse.
Pour le moment, je ne peux compter que sur moi et personne d'autre. Qui pourrait bien me faire accéder au trône ? Personne...Ils sont tous du côté de Soah...Il y aurait bien Sword, le chef des rebelles, mais hors de question de m'allier avec des humains. Mes sourcils se froncent alors, et je sers les dents. Je sens la colère me monter au nez mais, je ne la laisse pas éclater. Il sera bien plus jouissif de laisser aller toute ma colère sur les sbires du Prince après tout...

Je ricane. Je vois déjà la scène se présenter devant mes yeux :
Quel joli bain de sang que voilà...

Quel triste monde.. Quel triste pays... Quelle triste ville.. J'erre seule encore et encore dans les rues délabrées, abandonnées d'Ambrelune, évitant avec dégoût les coins trop souvent fréquentés par les humains. Ces choses. Cette vermine répugnante qui a osé s'éprendre d'un trône qui ne leur appartient en aucun cas. Jamais non, jamais nos souverains n'auraient cédé une parcelle de leur pouvoir à ces conspirateurs, ces incapables. Mais je m'enflamme, calme toi Asna, calme toi. Je reprends mon souffle, mon sang frappe mes tempes, inpitoyablement, il envahit mon cerveau, et j'entre en ébullition. Mon corps entier brûle de fureur à la seule pensée de ces êtres. L'ancien moi qui sommeille toujours donc mon esprit se réveille, et je me revois avec horreur en tant qu'humaine, âme désespérée solitaire au milieu de faibles. Inconsciemment, je me vois à présent dans mon élément, et en repensant à ces instant passés dans ce qui avait été ma famille, je réalise à quel point la chance m'a sourit lorsque Rieno de Fauntleroy a croisé mon chemin, et qu'il m'a rendue immortelle, qu'il m'a donné l'apparence que j'avais attendue durant les 17 années qui avaient précédé.

La croisée des chemins.. Terme délicat, qui pour moi représente pleinement un profond changement. Un tournant d'une vie. Un parmi tant d'autres pour un être de la nuit. Je suis heureuse d'appartenir à présent à cette caste, et je remercie toujours du fond du coeur le destin, si je peux l'appeler ainsi, celui qui m'a offert cette chance. J'ai évolué dans une famille qui n'aurait pas dû être la mienne, j'ai grandit dans un milieu où j'étais trop différente. Sombre, silencieuse, une ombre qui se déplaçait constamment dans les couloirs de mon lycée, dans les campagnes. Je ne vivais qu'a cheval. Je me sentais renaitre, j'étais d'une autre dimension. Cependant, devenir moi même n'avait pas été chose facile, et même si Sire Heartfield, comte de Fauntleroy, avait gagné mon coeur comme on cueille une fleur, j'avais souffert au début. lors de mon éveil à ma nouvelle vie, mes yeux m'avaient fait mal. Je ne voyais plus rien, tout était flou autant dans mon esprit embrumé que dans mes pupilles que j'avais pourtant dilatées au maximum. Je ne voyais plus, et j'avais peur. Seules les couleurs et les contrastes étaient moins flous, les reliefs et les volumes étaient plus indistincts. Mais Il était là, mon Créateur me tenait la main, comme une douce lueur dans la nuit la plus noire, la lumière au bout du sentier de mes cauchemars. Un échappatoire. Et je m'y étais fermement accrochée.

Mais maintenant tout avait basculé, et je sentais mon coeur rallumer le bûcher de ma colère. Maintenant oui, ces sales vers de terre, amoureux d'étoiles inaccessibles, s'étaient vilainement appropriés la place de la Royauté due à nos seigneurs. Reine Thétis... Roi Khéops... Qu'avez vous donc laissé derrière vous, si ce n'est un chaos inchangeant, une ville sans dessus dessous, dans laquelle la fratrie qui nous liait, nous les vampires à travers vous, a disparu. Notre faiblesse. Notre ultime point de chute, le talon d'achille de notre espèce, trop individualistes et trop orgueilleux pour se battre en groupe unifié. ici se trouve hélàs notre défaut. Cependant, j'ai confiance, nous retrouverons notre dû. Même si je dois vivre dans un trou à rats durant quelques années, ces quelques années ne sont rien pour notre race. Notre heure viendra, et alors le sang bouillant circulant dans mes veines, sous ma peau diaphane et pourtant si froide éclatera, et je pourrais me laisser aller, à petite dose. Ils comprendront qu'elle ne fut pas leur erreur de tenter de s'emparer de notre puissance, de notre fief.

Je suis coléreuse, un véritable incendie inmaîtrisable, et l'on n'y croirait pas à voir mes yeux polaires, qui regardent ou fixent autour d'eux avec désinvolture, et indifférence. En effet, où que j'aille je suis accompagnée de mon silence, et d'une attitude parfois hautaine qui a auparavant agaçé bon nombre d'élèves et de professeurs. Le feu de bois parcourant de sa fumée mon corps et mon coeur me rend rageuse, et j'ai appris à calmer ces accès d'énervement brutaux. Je parais aussi douce qu'un agneau. Je ne suis qu'une louve masquée. Une panthère dont seule la démarche féline dénote son véritable fond.

J'arrive au pont. Je regarde sans expression les rives glacées du fleuve gelé. Je me surprends à penser au patin à glace. Sport quasiment national dans mon pays d'origine, que j'ai pratiqué avec plaisir. Le doux bruit du glissement de mes chassures sur les terrains me revient et un sourire vient éclore sur mes lèvres vermeilles. J'approche, mes yeux d'un bleu intense se gardant bien de dévier, observant chaque infime détail de ce paysage d'hiver. Je devine que le soleil n'est pas loin, il arrivera d'ici quelques heures, j'ai encore le temps de me promener avant que l'astre du jour ne vienne me consumer. Mais je vois quelqu'un. Une forme obscure, silhouette de marbre sur la vieille pierre grise. Je ne reconnais pas, mais je devine un corps masculin, par la tenue. Je me fiche d'une quelconque réaction et j'avance vers lui, laissant ma main caresser le rebord du pont. Cet étrange personnage est assis, et son reflet éclairci apparait dans l'eau solide. Je regarde le mien, nos deux miroirs noirs. Le paysage si désolé me ravis presque. Je murmure, sachant qu'on m'entendra, ne cherchant pas a engager si l'autre ne le souhaite pas, et ma voix perçe le silence prenant de cette fin de nuit.

"Bonsoir Messire..."

[Désolé, c'est pas super mais c'est mieux que rien...]


Je pensais que j'allais pourrir seul sur ce pont.
Je pensais même que le soleil aurait eu le temps de consummer mon corps le temps que je me décide de partir.
Mon esprit était tellement embrouillé que je ne faisais quasiment plsu attention à ce qui se passait autour de moi. Le temps, le vent qui soufflait, le bruit...et même cette jeune femme qui vint me parler. Si elle ne m'avait pas adressé la parole, je crois qu'elle serait passée inaperçue. Mais même sans lui adresser la parole, je savais qu'elle était une vampire. Les humains vont très rarement sur ce pont à cause du froid qui y règne. De plus, elle ne semblait pas vraiment atteinte par la température vu son timbre de voix.
Heureusement pour elle d'un coté, si elle avait été humaine, je ne sais pas ce que j'aurais put lui faire. Mais en tout cas, la neige aurait absorbé son précieux sang chaud. Mais est-ce que, parce qu'elle est vampire, elle vaut mieux qu'un humain ? Si elle est derrière Soah, alors non, elle ne vaut absolument rien. Elle n'est qu'une poupée vide de volonté, ne faisant qu'obéïr aux ordres que ce mioche lui donne. Mais il serait aussi bien bête de la tuer sur le champ. Je ne sais pas encore assez de chose sur le jeune roi...Et n'importe lequel de ses sbires pourrait m'apprendre un détail capital sur lui. Un détail qui pourrait peut-être lui coûter la vie...Et alors là, je serais le nouveau roi des vampires, le seul qui ai mérité cette place jusqu'ici...

Je posa mon regard aussi froid que la glace qui recouvrait le pont sur elle, et plus particulièrement sur son corps, comme à mon habitude. Je ne l'avais encore jamais vue par ici. Par conséquent, je ne savais pas de quel côté elle se situait. Alors il valait mieux ne rien dire sur ma position politique. Enfin, de toute façon, presque tous les vampires savent que j'étais du côté des jumeaux avant leur mort, alors ils doivent tous penser que je soutiens désormais leur horrible progéniture. Quel bande d'ignards...

"Bonsoir magnifique créature..."

J'avais décidé de jouer la carte de la séduction. Après tout, j'ai déjà séduit plus d'une vampire à Ambrelune...D'ailleurs, cela me fait penser que j'ai quelques comptes à régler avec Dame Eterna avant de l'exterminer, elle qui a fait naître cette abomination qu'est Soah. Mais bon, passons, ce n'est pas prioritaire à l'heure actuelle.
La jeune femme m'ayant saluer, je dois l'avouer, me plaisait beaucoup. Comme beaucoup d'autres femmes il est vrai...Mais le fait que je ne l'avais encore jamais vue la rendait mystérieuse et par conséquent, plus attirante que les autres. Mais je n'avais sûrement pas plus d'estime pour elle que pour toutes mes anciennes conquêtes. Elle n'était qu'une vampire parmis tant d'autres après tout. Mais si elle était, comme je le prétend, du côté de Soah, elle pourrait me fournir de précieuses informations, donc une très bonne raison de la séduire de la conduire elle et sa croupe dans un lit moilleux pour passer une nuit toride avec moi...
Tout en jetant de bref regards sur l'horizon, je décidais de lui poser des questions histoire de la mettre en confiance...

"Eh bien, dites-moi, qu'est-ce qui vous amène ici charmante vampire ? Saviez-vous que Sir Néron était en ces lieux ou êtes vous venue admirer le couché de Lune ?"

[Nothing boy ^^ j'aime bien]

Je m'avance, le regard à la fois vide et plein, comment dire... Vide d'expressions, et en même temps tellement parlant, on peut y trouver de la haine, du dégoût, et aussi de l'affection cachée au fond de mes prunelles de glace, de l'indifférence surtout. Je passe lentement ma main à plat sur le rebord du pont, caressant du bout de mes doigts les pierres gelées, éternellement offertes à l'hiver d'Ambrelune, laissant une très légère sensation de froid se propager dans mes mains. En marchant, de mon pas gracieux et silencieux, je laisse mes yeux s'envoler et effleurer du regard le fleuve arrêté dans sa course depuis des decennies. L'eau n'en coule plus, ou du moins seulement les quelques rares gouttes qui se sont liquéfiées à sa surface. Signe avant coureur de chaleur, je devine sans peine que le soleil se fait de plus en plus pressant, allié des humains, ennemi physique des vampires. Nous, pauvre espèce oubliée de la lumière du jour, nous les êtres du soir n'avons que la reine Lune et ses courtisanes, étoiles brillantes illuminant le ciel de leur éclat. Unique torche de nos vies de l'ombre. Je laisse un sourire frôler mes lèvres vermeilles un instant. Je me laisse un moment porter par les sensations bien qu'infimes que procure le vent, cette brise auparavant enneigée qui souffle particulièrement fort à cet endroit de la cité délabrée.

Inconsciemment, je reglisse une de mes mains dans les plis obscurs de ma longue cape de velours noire. Elle suit ma démarche féline, encadrant mes pas, protégeant le silence de mes déplacements. Quelques mèches rebelles de ma longue chevelure brune viennent sauvagement entourer mon visage, arrivant par un rapide passage de la bise à dévier ma capuche qui recouvre pourtant ma tête, dissimulant depuis mon arrivée ma cascade de cheveux noirs. Je retire ainsi l'épais voile qui couvrait ma tête, libérant de son emprise l'ébène de mes cheveux. Je remets en vitesse d'un geste précis de la main mes quelques mèches folles derrière mes oreilles. Je lève les yeux au ciel, agacée une fraction de seconde par le côté intempestif de cette intrusion. Cet état passager décampe, et je retrouve ma moue inchangeante. Je reste de marbre et ne réagis pas au sourire de mon interlocuteur, lui adressant simplement un signe de tête de respect. Il semble pensif en me voyant, comme si il éxécutait un raisonnement maîtrisé. Je pose mes deux mains pâles sur le bord du pont, et jette un regard éperdu vers l'horizon glacé qui s'offre à moi. A perte de vue, de la neige, grisée sous les cieux nocturnes. De la glace, bleutée par les eaux agitées qu'elle devait tenter de vaincre il y a longtemps, avant d'y parvenir pour des siècles de domination.

J'admets que je ne reconnais que vaguement la personne qui me fait face. Ce dernier ne se présente pas, je ferais de même, je n'ai pas pour habitude de donner sans recevoir, si ce n'est ma colère ou des claques. Je n'ai ici rien à donner, par conséquent je ne bougerai pas. J'avais cependant remarquer que l'homme vampire ne m'avait pas sentie ou vue apparaitre, preuve que ma marche discrète est bien efficace. Il a un regard aussi polaire que le mien, là où mes yeux bleus azur font merveille. Il ne me connait pas visiblement, et je ne fais aucun commentaire sur ce détail. Des renseignements m'a dit Eterna, je ne sais pas exactement quoi chercher, tant de questions restent sans réponses, et tant de points flous sont à éclaircir. Un noir presque total, complet. Je mettrais tout cela au clair plus tard. Il me parle, me répond. Son ton séducteur m'amuse un peu je dois l'admettre. Une esquisse de sourire vient éclore sur mes lèvres, fruit du divertissement, mais il a tôt fait de disparaitre à nouveau, laissant pour toute trace seulement mes yeux plus pétillants que de nature, bien qu'ils gardent encore et toujours cette expression d'indifférence, presque d'ennui, même si ce n'est pas le cas.

Je sens son regard observateur sur moi, sur mon corps, avant de se reporter sur le paysage hivernal qui nous entoure. Et il poursuit, me parlant, me questionannt. Mes yeux sur la ligne lointaine de la rivière de glace, je réponds en dirigeant de temps à autres un regard d'un bleu intense dans sa direction:

"Aucunement, je ne faisais que me promener dans ces lieux désolés Sire. Et vous même? Une nostalgie passagère peut être?"

Je conserve un regard polaire, et je suis emmitouflée dans ma cape de velours, que mes doigts longs et fins replie sur mes jambes, car la jupe coupée à mi-cuisse que je porte ne suffit pas, je préfère me couvrir. Je laisse mon visage vagabonder sur le sien, attendant une réponse.

Une nostalgie ? Bonne question...A vrai dire, je ne savais même pas ce que je faisais là, sur ce pont. Peut-être ai-je été conduit ici inconsiemment...Avec toutes les légendes qui courent sur ce pont, ça ne m'étonnerait pas. En tout cas, cette jeune vampire m'avait posé une question qui réussi à légèrement me faire douter. Il est vrai que j'aurais put m'arrêtter allieurs lors de mon retour à Ambrelune. Ou peut-être que le destin voulait que je croise cette femme ? Non, le destin c'est des conneries, le seul maître de mon futur, c'est moi, et personne d'autre. Je devais donc répondre à sa question. Je décidais de lui dire la vérité, de toute façon elle ne pourrait se douter de rien.

"Et bien, je reviens à Ambrelune après une petite escapade hors de ses murs. J'avais besoin de prendre mes distances après la mort des jumeaux, vous comprennez, j'ai été extrêmement touché d'apprendre la mort du grand Khéops et de la magnifique Thétis..."

Malgré que nous ne nous connaissions pas, elle laissait son regard croiser le mien sans être gênée. D'ailleurs, son regard froid et dénué de sentiments me rappellait celui d'Eterna. Elle avait la même expression de visage. Mais j'étais pourtant persuadé de ne pas m'adresser au même personnage. Je voyais bien que la vampire à mes côtés n'avait pas le même caractère qu'Eterna. Cependant, elle était sûrement aussi attirante...
Je décidais de descendre du rebord du pont pour me mettre face à mon interlocutrice histoire de mieux parlementer. Je la dépassait presque d'une tête. J'avais l'impression d'être devant une adolescente frêle et innocente que je pourrais me mettre sous la dent. Mais simplement l'impression, car son regard et son visage n'avait rien d'une jeune humaine, aucun humain ne peut avoir l'air aussi froid, aussi neutre et aussi profond. Mais cela ne me perturbait pas pour autant. A vrai dire, j'aime devoir réchauffer de véritables glaçons grâce à la chaleur des nuits passées avec moi.
Je me permettais de lui prendre la main afin de lui faire un baise-main tout ce qu'il y a de plus courtois en ajoutant :

"Je me présente au cas ou vous ne me connaissiez pas : Seigneur Nero Claudius Caesar Drusus dit Seigneur Néron. Quel est le nom de la magnifique créature se trouvant face à moi ?"

J'avais rarement vu de vampires d'apparence si jeune. Elle avait sûrement été mordue en pleine adolescence ou alors, le temps l'avait bien conservé. Quoi qu'il en soit, elle avait le dont de me faire fantasmer ! Certes comme beaucoup d'autres vampires, mais elle n'échappait pas à la règle. Je la voyais déjà gémir de plaisir sous mes pénétrations, mélangeant à ceci des cris de douleurs dût aux nombreuses entailles que j'aurais fait dans son corps...Un véritable chef-d'oeuvre sanglant. Mais si elle était comme Eterna, j'aurais sûrement beaucoup de mal à la séduire, mais c'était une nécessité, j'avais passé trop de temps hors de la ville, il fallait que j'apprenne ce qui s'y était passé depuis. Si Soah avait réussi à maîtriser ses étranges pouvoirs entre temps, la tâche allait se compliquer. Mais là n'est pas le problème. Je pourrais toujours trouver des vampires pour s'allier à ma cause. Peut-être même que j'arriverais à la convaincre de s'allier à moi ? Cela me ferait au moins un allié, même si il est beaucoup trop tôt pour que j'accorde ma confiance à une vampire aussi mystérieuse que celle-ci...
Mon gant était toujours en place, et donc, mes lames, prêtes à déchiqueter sa sublime peau au premier faux mouvement. Ce n'est pas parce qu'elle avait un minois très agréable à contempler, que je n'hésiterais pas à la tuer, au contraire...

Il réfléchit un instant avant de me répondre, et, avec une indifférence de coutume chez moi, qui a singulièrement le don de mettre en rogne mon entourage, je reporte mon regard sur la baie givrée du paysage enneigé. C'est... Beau. J'en serais presque émue, si il y avait encore quelque chose qui pouvait m'émouvoir sur cette triste terre. Et surtout à Ambrelune, cité vampirique désormais sous la joute des sales humains. Créatures ratées, résultats d'une regrettable erreur de la nature. Je ne m'éterniserais jamais assez sur ce sujet pour exprimer, pour hurler ou même pour cracher tout ce que je pense, tout ce que je ressens à ce sujet. Si ma peau n'était pas aussi glacée que mes yeux et le fleuve, elle serait bouillante de rage. Mais je me contiens, toujours, encore et toujours, je retiens cette vague déferlante de fureur, j'ai appris à me contrôler. Le premier à m'apprendre était lui même un humain, le seul que j'ai véritablement respecté dans tous les sens possibles. Lui, c'était mon coeur, ma vie, celle que Sire Rieno m'a retirée, faisant disparaitre cette misérable douleur humaine, m'offrant en échange l'immortalité sentimentale des vampires. Hélàs, lui même qui m'avait donné cette indépendance m'emprisonna dans la cage dorée de son amour. Et une fois de plus je souffrais, je souffrais de trop aimer quelqu'un, et il me sembla que le destin choisissait pour moi, car il me retira quelques temps après le sujet à mes vénérables sentiments, à ma dévotion. Et cette fois ci, ce fut le véritable déchirement, j'abandonnais sur les rivages glacés de la ville aujourd'hui délabrée toutes émotions qui avaient fait chavirer mon coeur. Je ne gardais en moi que colère et indifférence, cruel héritage de mes aimés.

Pourtant, je sentais que j'avais gardé une pointe d'affection, savament dissimulée dans les remparts de mon âme. Elixir de souffrance, source de mon bonheur aussi, distillé dans chaque recoin de mon esprit. Et j'en passe. Mais voici que mon interlocuteur relève vers moi son regard de braise, qui m'apparait par instants aussi bleu que le mien, bien que mes yeux soient d'une lueur plutôt... Polaire. Sa réponse me parut bien étrange, lui aussi était donc parti pour une durée indéterminée de la capitale de l'espèce nocturne? Je n'en fit rien, et écoutais sa réponse avec une tranquilité presque déconcertante. Sa voix me parvint, presque ironique lorsqu'il mentionna les Jumeaux, mes chers Souverains que j'avais soutenu au plus profond. Oui, il me paraissait teinté d'ironie dans ses mots, mais je croyais me tromper, et j'effaçais cette pensée de ma mémoire. cette donnée sera notée à la craie dans un refuge de mes souvenirs. J'approuvais simplement d'un léger hochement de tête. Lorsque nos regards se croisaient, ni l'un ni l'autre n'était gêné, ou touché. Il se releva alors, se laissant glisser de son point d'assise, et vint se poster face à moi, me dominant d'une tête, peut etre même un peu plus. Pour moi, la taille n'avait pas d'importance, bien que je sentais que le fait qu'il se trouve si imposant face à moi parut lui plaire.

Il me pris doucement la main, et je le regardais laisser ses lèvres la frôler, un baisemain aussi courtois que galament effectué. Lorsqu'il eut terminé son oeuvre, ce fut presque moi qui retira mes doigts la première de son emprise. Ma main revint se cacher dans les replis épais de mon manteau. La brise fraîche, plutôt froide même, ne se trahissait que par le doux soulèvement de mes mèches obscures. Il se présenta alors. Bien, il fait le premier pas, épreuve incontournable pour obtenir quelque chose de moi par la suite, dans le sens ou je n'aurais en aucun cas révélé mon nom à un inconnu qui ne l'aurait pas fait. Oeil pour oeil, dent pour dent. Je répondis à ce salut d'une petite courbette, une simple inclination de la tête. Le surnom de magnifique créature qui revint chatouiller mes tympans m'apparaissait comme un peu de trop mais qu'importe, si cela l'amuse. Et je lui répondis, ne laissant se développer dans ma voix feutrée aucune émotion particulière:

"Je suis Asna Dal Salan, Sire. Aurais je ainsi l'honneur d'avoir face à moi le fameux Empereur Romain?"

Oh. Une pointe de curiosité me pique quand même, et j'ai une infime pensée pour mes cours d'histoire que j'affectionnais tant autrefois. Si sa réponse se voit positive, ce cher vampire doit être bien plus vieux que moi. Même d'apparence, il apparait comme un jeune homme de 25, 30 ans.. L'âge et les temps géologiques n'ont en rien fait souffrir son visage. Le mien, tâché de mes 17 ans, a gardé toute sa finesse, délicatesse de figure que l'on me reprochait vivement auparavant, dans cette contrée ridicule où j'avais vécu. Je devine dans les prunelles du vampire quelques idées dont je ne découvre pas le dessein, mais il semble bien pensif. Je replace ma main sur le rebord glacé du pont de pierre, et laisse mon regard divaguer, vagabonder sur l'horizon, admirant les arabesques que forme le fleuve arrêté sur le sol enneigé qui l'entoure.