Tihana "Kira" Lyov

Invité

Nom : Lyov
Prénom : Tihana.

Ceux qui connaissent son vrai prénom l’appellent souvent Tiha. Généralement, on la connaît sous son pseudonyme de danseuse, Kira.

Sexe : Féminin
Race : Humain

Caste : Rebelle
Fonction : Danseuse à l’Xholic (si possible)

Âge : Elle vous dira, l’air espiègle et cachottier : bientôt 19 ans. Mais allez savoir… Il fallait bien un travail pour se nourrir à peu près correctement et dans les bars à strip-tease, on est normalement pas mineur…

Clan politique : -

Description physique :

Petit bout de femme gracieuse et fine, Tihana mesure à peine 1m56. C’est un poids plume qui oscille entre 43 et 46 kilos. En tant que danseuse, son corps est son outil de travail et elle le soigne particulièrement bien. Sa peau opaline typique des jeunes femmes russes est sans défauts, se rehaussant même d’une teinte rose pétale sur les joues, qu’elle n’a pas besoin de maquiller pour qu’elles aient l’air fraîches et délicates. Sa silhouette est équilibrée, à la fois féminine et athlétique. Des courbes accueillantes pour ses hanches. Une chute de rein cambrée suivant l’alignement parfait de son dos et qui paraît vertigineuse quand elle se hisse sur des talons aiguilles. Des fesses hautes, fermes, dessinées sans être trop voyantes, tout comme les muscles fuselés de ses cuisses, de ses bras et de son ventre qu’elle met toujours à nu. Des seins plutôt modestes mais qui se révèlent superbes quand ils sont dévoilés au regards, avec leur forme à la rondeur parfaite et leur peau si fine que l’on voit presque les veines se dessiner en transparence. Sa démarche est altière autant que légère. Les années de danse ont imprimé à son corps une façon de se tenir toujours très élégante, de sorte qu’on la remarque immédiatement quand elle arpente une rue. D’autant plus que sa manière extravagante de se vêtir tranche un peu avec cette démarche qui évoque de suite celle d’une ballerine prête à entamer un pas de deux vaporeux et passionné.

Son cou gracile offre un port de reine à son visage angélique aux traits bien dessinés. Ovale tendre et lèvres charnues comme un fruit mûr, colorées subtilement comme ses joues, le visage de Tihana rappelle un peu celui des madones sur les icônes orthodoxes. Très expressif, il se révèle à l’image de son caractère : tantôt d’une timidité enfantine quand ses joues se colorent d’un rouge diffus et qu’elle détourne ses yeux gris ou les fait disparaître derrière ses longs cils étoffés de mascara noir, tantôt décidé ou agacé quand son petit nez mutin se fronce pour exprimer la concentration, la désapprobation et beaucoup d’autres nuances qui accompagnent ses pensées.

Sa chevelure blonde au naturel, est décolorée en blanc sur presque toute sa surface et se parsème de mèches noires, fines ou plus larges selon les endroits, pareilles à des plumes qu’un corbeau aurait laissé tombé sur la neige en prenant son envol. Elle est coupée en carré plongeant qui descend en piquée vers son menton, cassant un peu de la sorte le côté parfois trop enfantin de son visage, donnant l’impression d’une mâchoire plus affirmée, de joues un peu plus creuses surmontées de pommettes saillantes au charme indéniable. La jeune femme ne se maquille que très peu en dehors des moments où elle travaille : un peu de mascara et de fard rouge sang autour de ses yeux métalliques, pour en accentuer l’éclat et le magnétisme. Une touche de brillant sur les lèvres, qui deviennent miroitantes comme le givre sur les steppes de Russie. Au travail, elle se métamorphose complètement, tant de caractère que physiquement. Son maquillage est recherché et travaillé : eye-liner pour allonger ses yeux en amandes, faux cils et rouge à lèvre satiné dans les tons hollywoodiens. De jeune femme au charme discret et simple, elle passe à femme fatale qui fait chavirer le cœur des clients d’un battement de ses cils vertigineux.

Description Mentale :

Qui croirait que cette jeune fille discrète et sérieuse travaille dans un bar à strip-tease. Difficile à imaginer quand à première vue vous faites la rencontre de la timide jeune femme qu’est Tihana. Aimable, elle aura toujours un mot gentil lors d’une première rencontre, partant du principe que juger sur les apparences amène trop souvent à se tromper pour qu’elle se laisse facilement tomber dans ce travers qu’elle possède comme tout à chacun. Foncièrement droite, la danseuse essaye de ne pas s’arrêter à la surface des choses mais de les connaître en profondeur avant de se forger une opinion ou un jugement. Il en faudra beaucoup pour se faire détester d’elle, même en ce qui concerne les vampires. Si elle les combats et parfois les tues, ce n’est pas animée par la haine ou une soif de vengeance. Simplement, elle estime qu’il est de son devoir de soutenir les siens contre la domination des créatures de la nuit. Aussi est-elle profondément fidèle aux rebelles… et certains de ses penchants intimes lui causent des tourments intérieurs déchirants. Tiha à quelque chose d’idéaliste en elle, une part d’enfance qui n’est jamais vraiment morte malgré le monde dans lequel elle vit. Elle regrette souvent que tant de sang coule, pour rien selon elle qui pense que les vampires et les humains pourraient parfaitement cohabiter. Il n’y a qu’à songer que pour survivre et même vivre agréablement, les vampires ont besoin d’une quantité raisonnable de sang et que parallèlement, beaucoup d’humain sont prêts à le leur donner. On dit que les esclaves se laissent faire parce qu’ils ont peur et craignent pour leur vie, mais Tihana reste persuadé que nombre d’entre eux sont attachés aux vampires et apprécient de se donner ainsi à eux. La russe aimerait pouvoir mener sa race à un consensus généralisé avec les vampires, mais peut-être manque-t-elle encore de témérité pour s’affirmer en leader.

Pourtant, la témérité est loin de lui faire défaut sur la scène de l’Xholic. Si Tihana signifie « calme » et colle parfaitement à sa personnalité en dehors de l’atmosphère moite et enfumée du bar, Kira veut dire « pareille au soleil ». Et c’est bien ce qu’elle est quand elle troque ses vêtements habituels pour ses costumes de travail : éblouissante. Elle se libère de sa timidité, oublie tout quand elle danse. La jeune femme charmante et délicate se transforme en une femme charismatique, sensuelle et envoûtante. La différence est aussi flagrante qu’entre le jour et la nuit. Son caractère se fait aussi plus affirmé, parce qu’il faut contenir les élans des hommes qui ont un peu trop jouit du spectacle. Sans jamais devenir agressive à moins de débordements qui franchissent les limites de la vulgarité, Kira la danseuse se montre ferme pour repousser les clients. Elle ne sort jamais avec l’un d’eux, du moins pas avant de bien le connaître si d’aventure il lui plaît, car malgré ses airs de femme fatale à ces instants, elle reste une jeune femme attachée à des sentiments vrais, qui ne s’offre pas au premier venu.

L’amour. Bien qu’elle ne soit jamais parvenue à le garder bien longtemps, elle y a cru et l’espère encore. Souvent trahie, les hommes sachant très bien manipuler les femmes pour les mener dans leur lit, elle n’en demeure pas moins optimiste bien que plus méfiante maintenant. Si par malheur elle se trouve trompée, il faudra souhaiter bien du courage au pauvre type qui deviendra alors son pire ennemi. Tihana se montre très rancunière et particulièrement mauvaise envers ce genre d’individu. Franche de nature, elle préfère encore entendre que le seul désir d’un homme est de passer la nuit avec elle, requête à laquelle elle pourrait très bien accéder si elle est faite avec courtoisie et que la jeune femme apprécie l’homme qui lui propose une telle chose. C’est pourquoi elle ne pardonne pas les duperies et s’arrange toujours pour rendre la monnaie de sa pièce au petit malin qui s’est fait passé pour ce qu’il n’était pas.

Tihana est une femme plus complexe que sa nature avenante et pondéré peut le laisser penser au premier abord. Elle possède plusieurs facettes, de la plus lumineuse à la plus sombre et peut s’avérer très surprenante au fur et à mesure où l’on apprend à la connaître. Il y a comme une double personnalité en elle, qui n’attend que d’être unifiée ou réellement scindée en deux selon les événements qui ponctueront sa vie dans les temps à venir. Encore jeune, on ne peut dire vers quoi évoluera son caractère naturel et il y a fort à parier que la petite se transforme grandement au fil du temps. Plus épanouie et lumineuse ou plus sombre et vénéneuse, cela dépendra des rencontres et des situations que le destin placera sur son chemin, tout autant que de la manière dont elle les appréhendera.

Style vestimentaire :

Son style vestimentaire est disons… particulier. Quelque chose entre le punk et le style cabaret des années 50. La plupart du temps, Tihana porte un short court noir, d’où dépassent des porte-jarretelles qui soutiennent des bas de couleurs diverses et de confection variées : noir, rose, rouge, pourpre, vert anis… c’est selon l’humeur ; Nylon, résilles, à pois, imprimés, gansés de dentelle… c’est pareil que pour la couleur. Ses jambes s’habillent de godillots à talons plats ou d’escarpins assortis aux couleurs du jour, en vinyle et à talons aiguilles le plus souvent.

En haut, c’est… bandelettes. Les bandelettes médicales, celles utilisées pour panser les plaies oui. La russe les enroulent savamment autour de son torse jusqu’à la naissance de son ventre, laissant celui-ci à l’air. Les bandes recouvrent souvent son bras gauche comme une manche classique, alors que son épaule et son bras sont découverts du côté droit. Les chapeaux, qu’ils soient haut-de-forme, melon, béret, avec ou sans voilette de résille, font partie des accessoires qu’elle aime tout particulièrement porter. Elle en utilise d’ailleurs souvent sur scène lors de ses strip-tease. Tiha n’a pas besoin d’un manteau ou de pulls, ne ressentant presque pas le froid (voir particularités). Mais parfois, par pure coquetterie, elle porte un long manteau cintré, en cuir noir.

Quand elle officie à l’Xholic et qu’elle devient Kira, la petite est la reine du déguisement. Tout les fantasmes, elle peut les représenter. De l’infirmière en passant par la secrétaire aux strict tailleur, de l’écolière en jupe plissée – cravate et chaussettes amples à la dominatrice outrageusement sexy moulée dans une combinaison en latex… Kira peut tout faire, tout incarner et c’est bien ce qui lui plaît dans ce métier.

Objet fétiche : Un chapelet de perles sanguines montées sur une fine chaîne en argent, au bout duquel pend un crucifix fait du même métal. Bien qu’elle ne soit pas du tout croyante, cet objet offert par sa mère qui elle l’était beaucoup, lui rappelle une foule de souvenir d’enfance, la rassure et réchauffe son cœur dans les moments de désespoir ou d’inquiétude trop profonde.

Equipement : De menus objets, parmi lesquels : cigarettes et briquets en plastique misérable de couleur fluo (dont certains qui jouent même une petite musique électronique fort agaçante) – chewing-gums et sucettes – des dés avec lesquels elle prend des décisions comme d’autres tirent à pile ou face – un portefeuille pour transporter les pourboires du soir qui contient toujours un peu d’argent. Pour ce qui est des armes : la demoiselle se balade tout le temps avec une canne épée qui en plus de faire très cabaret, s’avère bien utile pour se défendre. Dans son dos, coincé entre son short et sa peau, elle glisse un cran d’arrêt. La lame fait 12 cm, le manche est en corne noire et parsemé de petits clous en métal argenté.

Style de combat : Elle pratique le Krav-Maga, art martial au style dépouillé qui mélange self-defense et corps à corps. Les mouvements sont toujours rapides et simple, dans le but d’être efficace afin de neutraliser sans avoir à tuer et sans être soi-même blessé, également pour éviter une dépense d’énergie trop grande qui amènerait une fatigue précoce et diminuerai donc les chances de survie en cas d’agression. Tout ça à l’air parfait sur le papier, mais elle n’est pas maître dans cet art. La russe se débrouille suffisamment bien pour avoir réussit à survivre jusqu’ici, mais qui sait comment les choses tourneraient si elle devait faire face à un adversaire réellement beaucoup plus fort qu’elle.

Particularité : Atteinte d’une polyradiculonévrite aiguë (inflammation des nerfs périphériques), suite à une vaccination banale contre la grippe, Tihana ne possède plus aucune sensibilité nerveuse ou presque. Pour vous donner une idée, si elle se transperce la main avec un couteau, ça ne lui fera pas plus mal que si vous la pinciez un peu fort. Particularité très pratique en combat donc, car elle est ainsi plus résistante, la douleur ne l’affaiblissant pas. La perte de sang par contre si, et à cause de son insensibilité nerveuse, elle ne se rend pas toujours compte de la gravité de ses blessures. Et si cette singularité est appréciable pour se battre, elle est autrement frustrante dans la vie de tous les jours, l’intimité en particulier…Vous imaginez aisément pourquoi.

Talents : Il vous suffira de venir la voir travailler à l’Xholic pour en voir un déjà. Elle danse très bien, ayant une préférence pour les chorégraphies de music-hall ou de classique. C’est aussi une excellente cuisinière, capable de faire passer des restes pour un festin.

Autre : Elle est accroc à un type bien particulier de plaisir, qui ne cadre pas vraiment avec son statut de rebelle. Les étreintes vampiriques. Un fait tout simple explique pourquoi la demoiselle va se laisser mordre sans trop se débattre, voir carrément s’offrir de son propre chef à un vampire. Ses nerfs sont pratiquement insensibles comme on le sait, et le sexe ne lui procure que peu voir pas du tout de sensations. Par contre, les morsures si particulières des vampires provoquent chez elle tout un éventail de sensations absentes de son quotidien, dont elle ne peut maintenant plus se passer. Elle fréquente donc beaucoup la 8ème porte, inutile de préciser pourquoi. Il lui faut constamment cacher ses rencontres régulières avec des vampires ainsi que les marques qui en résultent… les rebelles ne devant guère apprécier l’idée qu’une des leurs se laisse ponctionner par leur gibier, tout autant qu’ils n’aimeraient certainement pas savoir qu’elle aurait manqué l’occasion de tuer un de ces enfants de la nuit.

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Histoire :

Xholic – Loge des danseuses – époque actuelle

Kira passe rapidement un peignoir en éponge blanc, avant d’aller s’asseoir sur le fauteuil qui lui est réservé le long de l’immense console surmontée de miroirs, à l’éclairage trop violent pour les yeux des filles quand elles sortent de scène. Sur la tablette, elle pose le costume qu’elle a effeuillé savamment devant les clients du bar cette nuit encore, avant de se saisir d’un flacon de lait démaquillant et de coton. Elle ne ressent pas la fraîcheur du produit qui glisse sur sa peau et la débarrasse de son maquillage poudré si sophistiqué. Mais c’est tout comme si ses nerfs avaient transmis leurs fourmillements électriques sous sa peau, qui respire à nouveau et retrouve sa teinte de porcelaine, parfaitement uniforme et délicieusement rosie sur le haut de ses joues. Ses lèvres qui viennent de retrouver leur couleur discrète enserrent à présent le filtre d’une longue cigarette. Chaque bouffée qu’elle aspire emplit son sang d’un peu de nicotine, dont l’effet prolonge doucement celui de l’adrénaline qui s’y est déversée pendant son numéro. Lentement, elle se détend et ferme les yeux, savourant l’écho qu’elle entend encore au creux de l’oreille : le bruit des respirations, les murmures et les sifflements admiratifs des clients, puis les applaudissements. Se montrer ainsi, danser sur scène plusieurs soirs par semaine est grisant, presque autant que ce qu’elle s’autorise à faire loin des regards, avec les créatures qu’elle combat jour après jour. Sans le fond de teint dont la jeune fille se recouvrait le visage et le cou tout à l’heure, deux petites traces rouges, quasiment effacées maintenant, sont visibles de part et d’autre de sa jugulaire, un tout petit peu au dessus du creux de son épaule, à la base de son cou.

"S’ils savaient", murmure-t-elle pour elle-même. Soudainement, Kira redevenue Tihana sent l’angoisse monter. Il est presque sûr dans son esprit que si les autres venaient à découvrir les petits jeux auxquels elle se livre avec des vampires, ils la banniraient. Elle deviendrait une humaine errante, seule et livrée à elle-même. Mais cela, elle se dit qu’elle pourrait tout à fait le supporter. Par contre, l’idée qu’ils la considèrent comme une traîtresse la bouleverse, la révulse et l’attriste comme rien encore ne l’avait fait jusque là.

* C’est faux, je ne trahis pas. Ils ne comprendraient pas, mais je ne les trahis pas. *

Impossible d’organiser ses pensées, de calmer le flot d’inquiétude et de remords qui envahit son esprit. Son cœur s’emballe, respirer lui est douloureux tant sa poitrine se serre. Sortir, se vider l’esprit. La petite russe passe rapidement son short noir par dessus ses sous-vêtements, attache une paire de bas résille rose tendre au porte-jarretelles qui en dépasse. D’un geste souple, elle laisse le peignoir s’affaler au sol, attrape les bandages qui sont posé sur un coin de la console et les enroule autour de son torse puis de son bras avec dextérité et rapidité. Une dernière bouffée de la cigarette qui se consumait toute seule dans le cendrier, avant de l’écraser et de se pencher pour enfiler ses escarpins noirs.

Le cran d’arrêt vient s’insérer entre la ceinture du short et sa peau comme toujours, puis elle se saisit de sa canne au pommeau argenté représentant une tête de loup finement ciselée, sculptée avec force de détails. Elle appartenait à son père et la serrer dans sa paume la calme quelque peu.

Le bruit de ses talons est étouffé par la moquette du couloir, tandis qu’elle se dirige vers la sortie des artistes, sans saluer ses collègues au contraire de ses habitudes. Une fois sur les pavés, ses pas résonnent dans le silence du dehors. Elle ne frissonne pas malgré les rafales de vent qui soufflent avec violence dans la ruelle. D’un pas extérieurement décidé mais en réalité tremblant, la jeune femme prend la direction de la 8ème porte, machinalement, sans se rendre compte qu’elle s’en va retrouver exactement ce qui lui pose un énorme cas de conscience et torture si souvent son esprit…

Moscou – Cathédrale – Année 2003

Je viens d’avoir quinze ans. Et ils veulent me marier. Ils disent qu’il s’occupera bien de moi, qu’il a une bonne situation et que l’épouser est la meilleure chose qui m’arrivera jamais. Maman me raconte qu’elle aussi a été mariée jeune à mon père et qu’avec le temps, elle apprit à l’aimer. Je crois plutôt qu’elle s’est résignée, s’en est convaincue pour ne pas passer sa vie à pleurer. Mais qui suis-je pour juger de ça. Pourtant quelque chose me dit que si son affection pour lui est sincère maintenant, elle n’en a pas moins du lutter tous les jours contre la colère et l’amertume que cet homme lui inspirait comme m’en inspire celui que je suis sensée épouser dans quelques minutes. Je n’ai pas envie de me battre et de fabriquer de toutes pièces des sentiments tièdes pour le mari qu’on veut m’imposer. Pourtant je ne dis rien. C’est au tour de papa de parler. Lui me dit seulement que je suis belle dans la robe blanche à longue traîne que je porte pour l’occasion. Elle est tellement corsetée qu’elle me coupe la respiration. Ou alors ce n’est que l’angoisse et la tristesse qui empêchent mon souffle de circuler librement dans ma poitrine. Je préfères me dire que c’est la robe, tandis que mon père dépose un léger baiser sur ma joue avant de descendre l’immense voile de tulle sur mon visage. Les larmes se mettent à rouler le long de mes joues et nous savons tous que ce n’est pas de bonheur.

Je m’avance dans la nef, accompagnée par le son de l’orgue qui joue une marche nuptiale qui sonne comme une danse macabre à mes oreilles. Toute la famille est là. La sienne aussi. Quelle horreur de les voir sourire. Je me force à étirer un peu mes lèvres pour leur rendre un semblant de sourire à mon tour. Mascarade. Eux penseront que si mon sourire était si timide, s’était parce que j’étais trop émue. Ils n’imagineront jamais à quel point j’ai envie de vomir. Je détournes les yeux de sa silhouette, haute et massive, à l’allure simple et sympathique. Il n’est même pas laid dans son costume trois pièce. Mais il a largement l’âge d’être mon père, je ne l’aime pas et l’idée de passer la nuit, puis la vie entière à ses côtés me répugne. Le prêtre commence son laïus séculaire, parle d’amour et de foi dans l’engagement du mariage. Croit-il vraiment à ce qu’il dit alors qu’il s’apprête à unir une adolescente de quinze ans à un homme qui en a bientôt cinquante ? Pense-t-il sincèrement un instant que je puisse l’aimer et lui de même, alors que tant d’années nous séparent et surtout, que l’on ne se connaît que depuis six mois, que l’on ne s’est vu dans ce laps de temps que trois fois ? Impossible. Ou alors il est tout bonnement stupide. Je pense plutôt qu’il est comme tous ces adultes, convaincu du fait que la vie que peut m’offrir cet homme sera bien meilleure que celle que je pourrais construire moi-même. Une femme est trop bête pour savoir ce qui est vraiment bon pour elle, c’est ce qu’on pense chez nous.

"Thiana Lyov, voulez-vous prendre Alexei Tchivchenko ici présent pour légitime époux ? Jurez-vous de l’honorer, de le servir fidèlement et de le chérir, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie, jusqu’à ce que la mort vous sépare et sous le regard de notre seigneur Jésus Christ ?"

J’ai envie de hurler non, de laisser ma voix retentir sous la voûte enluminée de la cathédrale aussi fort que vient de le faire celle du prêtre. Mais aucun son ne peut franchir mes lèvres. Je parviens tout juste à hocher la tête de gauche à droite avant de me retourner et d'arracher la canne de mon père des mains de ce fiancé dont je ne veux pour rien au monde... puis de partir en courant, le plus vite possible vers les hautes portes de bois qui s’ouvrent sur la grand place au moment où je les pousse avec violence.

"Stoi ! Tihana, reviens ma chérie, s’il te plaît !"

J’entends à peine la voix médusée et inquiète de mon père. Je ne pense qu’à courir, quitte à en perdre haleine et rejoindre au plus vite la gare. Mieux vaut ne pas repasser par la maison pour prendre des affaires, c’est forcément le premier endroit où ils viendront me chercher. Tant pis, j’achèterai quelques vêtements et des affaires de bases en revendant ma bague de fiançailles sur la route. Arrivée dans le hall de la gare, le souffle court, je demande un billet pour le premier train au départ. L’employé des chemins de fer fronce un sourcil en voyant ma tenue. J’ai peur qu’il appelle la police, mais il se contente de pianoter sur son ordinateur, puis me tend un billet. Je n’ai pas d’argent sur moi, je ne pourrais pas le payer. Le temps de mémoriser le numéro du quai et la destination et je le lui rend. Je cours vers le quai, le train part dans trois minutes. Tout juste le temps de foncer et de gravir le marche pied. La locomotive se met en marche.

Les passagers me dévisagent tous. Mais je m’en moque, dans ma robe de mariée, pour la première fois de la journée, je peux enfin respirer. Je m’affale sur un siège libre, à côté de la fenêtre. Le roulis du wagon me berce doucement tandis que je regarde le paysage défiler. Ambrelune… Comment peut bien être cette ville au nom si peu commun. La sonorité étrangère du mot est agréable. Ou alors est-ce la perspective de reprendre le cours de mon destin en main qui rend le nom d’Ambrelune aussi plaisant ? Peu importe, je n’y pense plus passé une seconde, glissant dans le sommeil au rythme lancinant du train qui m’emmène loin de tout ce que je connais mais vers la liberté. Ma main caressant le chapelet pendu à mon cou et qui orne ma poitrine, je rêve. Le passé et les ébauches du futur se mêlent dans une douce quiétude et une tristesse moins pesante que celle qui m’a fait fuir jusqu’ici, vers cet ailleurs que j’atteindrai dans quelques jours si tout va bien...

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Ambrelune - La 8ème porte – époque actuelle

La main qui deux ans auparavant, dans un train en provenance de la grande Russie, caressaient un chapelet d’argent et de perles rouges sang, fait instinctivement le même geste qu’alors. Les paupières blanches fermées sur le gris de ses pupilles, brillantes de plaisir sous leur voile léger, Tihana laisse les lèvres avides du vampire appliquer des sucions régulières à son cou. Elle sent ses dents plantées dans sa chair, sa langue rugueuse qui rencontre de temps à autre le velouté de sa peau suivant le rythme auquel il aspire goulûment le liquide chaud et âcre, au goût à la fois métallique et sucré, qui coule dans ses veines. Enfin elle ressent quelque chose. Enfin elle se sent une femme capable de désir et surtout de plaisir. Le désir était là quand elle se laissait enlacer, caresser par un amant, mais jamais le plaisir, jamais les frissons sous sa peau et le long de ses membres. Une banale vaccination antigrippale, à dix ans, provoqua chez elle une inflammation généralisée des nerfs périphériques. Plus d’un mois d’hospitalisation avant de retrouver l’usage de ses membres et des réflexes à peu près normaux. Il avait fallu la placer sous assistance respiratoire, les nerfs permettant le réflexe naturel d’inspiration et d’expiration ayant été partiellement touchés par l’inflammation. On avait craint un moment pour sa vie, mais elle avait rapidement atteint la phase de plateau de la maladie et s’était stabilisée. La récupération fut lente et pénible. Heureusement, les séquelles furent minimes, du moins elle échappa à la paralysie. Mais ses nerfs étaient privés de sensibilité et ne la retrouvèrent jamais. A peine pouvait-elle sentir un picotement quand elle se coupait profondément avec une lame, même émoussée. Au bout d’un moment, la jeune fille cessa de s’infliger ses blessures en espérant réveiller son système nerveux et se résigna.

La première fois qu’elle fit l’amour, avec son petit ami de l’époque, se fût atroce. Tihana se trouva obligée de feindre le plaisir, du début à la fin. Soupirs éloquents et tremblements suggestifs, tout n’avait été que comédie durant ces heures qui auraient dues être merveilleuses, puisqu’ils s’aimaient. Et apparemment, elle était encore mauvaise comédienne à ce moment là. Le garçon osait à peine la regarder. Quant elle lui demanda si quelque chose n’allait pas, il se contenta de dire qu’il était désolé, que c’était la première fois pour lui aussi. Ils restèrent un moment allongés, l’un à côté de l’autre, séparés par une distance bien trop grande pour deux amants épris qui viennent de consacrer leur amour pour la première fois. Puis il dit qu’il lui fallait rentrer et elle ne le revit plus jamais. Il ne répondait pas à ses appels, n’était apparemment jamais là quand elle se rendait chez lui. Au fil du temps, elle apprit à mieux feindre les choses, mais ses histoires ne duraient jamais bien longtemps, parce qu’elle n’arrivait pas à se résoudre à leur mentir ainsi sans arrêt. Alors elle les quittais, comme l’avait fait son premier amour mais pour des raisons toutes autres, sûrement aussi lâches et misérables quoi qu’il en soit.

Rapidement, la petite poupée russe apprit l’existence des vampires. Ce fût un soir comme celui là, à la 8ème porte. Elle travaillait depuis quelques temps déjà à l’Xholic et avait entendu les autres danseuses parler de cette boîte de nuit branchée. Elle eut envie d’y faire un tour, d’aller se détendre et de danser pour elle-même seulement. Et comme ce soir, un homme l’avait abordé. La surprise fut immense quand, lovés dans sur les banquettes de la petite salle en retrait de la piste, il planta ses crocs dans son cou. Elle eut un sursaut de surprise et de frayeur et voulu s’écarter, mais quelque chose la retint. Quelque chose s’était réveillé en elle. Tihana sentait tout comme maintenant la douleur cuisante de la morsure et les picotements qui accompagnent la succion. Pour la première fois depuis des années, elle sentait réellement, pleinement. Son corps réagissait et s’était tellement bon qu’elle se laissa aller sans plus réfléchir, abandonnant son corps au vampire avide de sang frais. Dès lors, elle retourna souvent dans le club pour s’offrir ce genre de moments, même après qu’elle eut intégré le camp des rebelles qui menaient une chasse aux vampires dans les moindres recoins de la cité. Plaisir coupable mais dont elle ne peut plus se passer, parce qu’elle se sent plus complète, plus vivante que d’ordinaire quant elle s’y adonne. Pourquoi ne pas être devenue esclave d’un noble du château alors ? Elle s’était souvent posé la question sans pour autant y trouver de réponse simple. Tout comme elle ne trouvait pas de raison valable à son manque de volonté à ce sujet. Tihana est parfaitement consciente qu’elle ne devrait pas se donner ainsi à ceux qui sont sensés être ses ennemis, alors même qu’elle se délecte de sentir le vampire aspirer encore et encore son sang à même son cou, mais peut-être n’est elle pas assez radicale ou pas assez animée par la flamme qui consume certains rebelles pour mettre fin à ces petits jeux.

Combien de temps encore va-t-elle arriver à leur cacher ça ? Tout en craignant les conséquences de ses actes, elle s’en moquait. Tout en sachant qu’elle serait découverte bien avant d’arriver à stopper ce manège, elle chassait de son esprit ces questionnements inquiets pour profiter pleinement de la volupté qu’elle était venue chercher au club encore une fois. Ensuite, elle rentrerait pour dormir presque toute la journée et ressortir à la nuit tombée traquer les même créature que celle qui l’enlace encore pour un moment. Peut-être croisera-t-elle un des rebelles en montant dans sa chambre. La culpabilité qu’elle essayera de cacher dans son regard comme elle le fait avec les marques sur son cou ne sera jamais aussi forte en croisant celui d’un autre qu’elle ne l’est quand elle observe ses propres yeux dans le miroir, mais qu’importe, tout cela est encore loin pour le moment.

Seul compte l’instant.

Bienvenue !

Jolie fiche, tu es validée. Bon jeu ! =)

» Alexander Phobos "le Gitan"