Kanefer

Nom : Kanefer (ou Ka-Néfer).

Sexe : Homme.

Race : Vampire.

Caste : Noble.

Fonction : Ancien vizir du Roi d'Egypte. Ami intime de la Reine.

Age en apparence : 25 ans.

Age réel : Plus de 2200 ans.

Clan politique : Fidèle en toutes circonstances, ceci jusqu'au souffle dernier.


Physique : Kanefer a tout d'un egyptien, et ceci est visible dès le premier coup d'oeil. Malgré notre temps, il continue de s'habiller à la mode dépassée mais somptueuse de l'Egypte ancienne. L'on pourrait en rire s'il s'agissait d'un vulgaire déguisement, mais tout en lui, ainsi que sur lui, force la réelle admiration. Son or est rutilant, ses habits sont cousus dans les plus nobles tissus et il est un véritable phénomène pour les regards des passants, qui, à la lumière d'un lampadaire, peuvent parfois discerner clairement à quel point ses tenues semblent sortir tout droit du temps des Pharaons. Par moment, cela impressionne, on pose alors des questions : Comment s'est-il procuré tous ces bijoux magnifiques, où, quand ? Qui est-il ? Mais Kanefer n'affectionne pas particulièrment la discussion, d'autant plus quand elle tourne autour de lui. Pourtant, il aime beaucoup discuter avec les humains, à l'occasion, car cela lui rappelle qu'il l'est toujours, au fond de lui-même. Il est beau. Très beau, choisi d'ailleurs pour sa beauté par Thétis qui semblait à l'époque lui réserver un probable traitement de faveur. Mais il n'en fut rien. Peut-être parce qu'il avait alors refusé la proposition, ou encore parce qu'elle avait dû fuir avec Khéops avec trop de précipitation pour l'emmener. La raison, il ne l'avait jamais connu, et cela, il faut l'admettre, le torture encore de temps à autres. Ses traits sont fins et réguliers, semblables à ceux d'un félin, mais également très proche de l'idée que l'on se fait d'un serpent. Sa peau sombre et dorée a quelque peu perdu de son intensité après sa transformation, et ses yeux verts se sont éclaircis encore plus qu'à l'origine. Cela lui donne un aspect fantômatique, et un regard presque spectral, envoutant et dérangeant, parfois. Ce regard en amande est completé par des sourcils fins, un nez aquilin et des lèvres presque invisibles, car épousant la même couleur que le reste de son corps. Marquant un fort contraste avec la pâleur de sa peau, ses cheveux de geai, longs et ondulés, sont doux comme de la soie, grâce à sa nature vampirique, et tombent aimablement sur ses épaules toujours couvertes. Amusantes, ses oreilles sont un peu pointues, à l'instar de celles d'un elfe, et sont décourées de multiples boucles serties d'emeraudes et d'or blanc. Ses tons préférés sont le vert, le noir, le blanc et le doré, mais on peut le voir porter des couleurs telles que le rouge et l'argenté. De plus, il est grand, d'apparence solide même si assez fin et élancé, assez androgyne en définitive. Pourtant, nul doute qu'il s'agit d'un homme. Ses mains sont à l'image de son corps, fines mais fortes, et sa démarche est droite et assurée en toutes circonstances. En tant que vampire, il est une très belle réussite, malgré le fait qu'il soit rare qu'un sourire vienne éclairer son visage dénué de candeur, souvent tout à sa réflexion. Seuls ses enfants savent le faire rire, à savoir la jeune Sha'Aara et la petite Nephtys.


Caractère : (Défini clairement dans l'histoire) Je ne suis plus qu'une âme, perdue dans l'infini. Je ne suis plus qu'un être à la recherche d'un but, ultime survivant sur la Terre, fils du temps, épargné là où tout autre est balayé. Maudit et désesperé, tout autant que béni et d'une incroyable force. Je marche à travers les déserts, suivant mes rêves et mes cauchemards. Immortel amant d'une peine que vous ne pouvez pas comprendre. Invincible amoureux de la vie qui de moi s'est éprise... Ami intime de la mort dont je suis le vassal... Je suis Kanefer, l'ombre d'un homme qui fut. Je ne suis rien de plus.


Style vestimentaire : Malheureusement, les habits que portait Kanefer sont depuis longtemps rendus à l'état de poussière. Même son cuir le plus lourd n'a pu résister au temps dévorant qui n'a au final plus rien laissé. Sa nouvelle garde robe est constituée d'habits de qualité, car il faut rappeller qu'il s'est enfui d'Egypte sans oublier de prendre autant d'or qu'il le pouvait. Un acte bas ? Légitime pourtant, de la part d'un nouveau vampire forcé à disparaître, étreint contre son gré et condamné à l'obscurité jusqu'à la fin de sa vie. De plus, par rapport à ce que contenaient alors les coffres du Palais, ce que pouvait porter un seul homme était totalement dérisoire. Il n'a d'ailleurs pas renoncé au style de son ancienne époque, qu'il affectionne particulièrement.


Objets fétiches : Kanefer ne quitte jamais son bâton orné des noms de Khéops et Thétis, ayant appartenu à la Reine. Son seul souvenir de ses anciens souverains, auquel il sera resté fidèle jusqu'à ce qu'ils l'abandonnent à son sort. Cette arme est fine, mesure un mètre soixante-dix, et est complètement recouverte d'or. Elle est ornée de décorations en emeraude, dessinant un serpent enlassant l'objet sur toute sa longueur. Ecrit de gauche à droite sur un fond doré, un texte hiéroglyphique de couleur claire mentionne les noms et les titres de son ancienne Reine. Les extrêmités sont décorés de motifs représentant de petites ankhs gravées, symboles de la vie. Autour du cou, il porte un pendentif en or représentant également une ankh, de très petite taille. Il porte également plusieurs bracelets d'or dorés et argentés. A l'annulaire droit, l'on remarque une bague d'or blanc représentant un serpent.


Equipement : Bien qu'il ne se batte qu'avec son bâton, il possède un pistolet dont il ne se sert jamais, ou du moins très rarement, exclusivement pour menacer un adversaire de peu d'importance. Il est un excellent artificier, et les arts de la scène lui sont familiers. Il est donc bon maquilleur et sait créer des effets spéciaux à l'aide de poudres et autres artifices créant souvent la surprise chez son ennemi (poudres explosives, etc...)


Style de combat (par Kanefer) : - En tant qu'ancien Grand Général des armées du Roi, et en tant que guerrier dans l'âme, je ne peux qu'admettre que mon talent pour les armes, accru par le temps illimité qui m'a été donné, ne cesse de me surprendre moi-même. En tant qu'humain, j'étais probablement le meilleur guerrier d'Egypte. Du moins, personne n'a jamais su me rafler ce titre de mon vivant... Je manie le bâton depuis que je suis capable de me tenir debout, voir même un peu plus tôt... Etant donné que je m'amusais déjà avec celui de mon père étant petit. Je n'ai depuis appris aucun autre art, quel qu'il soit. Je perfectionne ma technique, apprend de nouvelles arcanes dès que l'occasion m'est donnée, et peaufine mon art pour atteindre ce que nul art ne saurait atteindre : La perfection. Cela étant, je pense pouvoir dire sans trop m'avancer que je suis probablement l'être vivant sur cette Terre le plus doué avec ce type d'arme entre les mains. Naturellement, j'excelle donc également à la lance et la hallebarde et autres naginatas, qui ne sont finalement que des bâtons dotés d'une lame à leur extrêmité.

Démonstration du style de Kanefer (extrait de Soul Calibur) :

Kata : https://www.youtube.com/watch?v=Jj4tZQmkYis


Particularité : Kanefer n'est jamais allé jusqu'à tuer une victime. Il est particulièrement humain pour un être de la nuit, et raisonne en conséquence. Ses actes reflètant ses pensées, il n'est pas rare qu'il soit consideré comme faible par ses congénères, éprouvant souvent compassion ou pitié pour les humains que d'autres considèrent comme du bétail débile.


Talents (par Kanefer) : - Il est étrange de constater que les coincidences et le hasard semblent toujours s'acharner à révèler un destin finalement relativement prévisible... J'étais déjà Grand Voyant à l'époque de mon humanité, et en tant que vampire, je me suis découvert un don très prononcé pour la télékinésie. Je peux faire voler de simples objets avec facilité, et même un corps si je me concentre intensément. Cela dit, cette technique ne m'aide guère au combat, car pour rester concentré, je suis obligé d'avoir mes deux mains libres, ouvertes paumes vers le ciel, pouces ramenés vers l'intérieur. Sans cela, je ne parviens pas à maîtriser le flux d'énergie hallucinant nécessaire à ce type de pratique. Il est donc exclu d'utiliser cette technique en présence de plusieurs adversaires. Cela dit, contre un rival solitaire, je peux ainsi faire largement la différence. J'ajouterai que je dois bouger mes mains d'une certaine manière pour influer sur mon entourage, et que cela ne passe donc pas inaperçu, en plus de m'empêcher de tenir quoi que ce soit en main. Peut-être cela vous intéressera-t-il de savoir que j'excelle dans cet art étrange qu'est celui d'hypnotiser les serpents. Ces bêtes au sang froid me paraîssent si affables... Vous seriez surpris de voir tout ce que l'on peut leur faire accomplir.


Relations : Kanefer a toujours été le vassal de Khéops, et était son ami lors de leur enfance. Leurs liens se sont effacés lorsque Khéops commença à sombrer dans l'egocentrisme. Par contre, il a toujours eu une relation très intime avec la Reine, qui fut préservée malgré la transformation de cette dernière. Kanefer éprouve une très grande tendresse envers son esclave humaine, qu'il a pris sous son aile au vu de sa grande fragilité, par instinct protecteur. Il est aussi attaché à sa fille adoptive qu'il traite avec la plus grande douceur. En général, il est silencieux mais aimable. Par contre, il peut faire preuve d'une dureté et d'une sévèrité extrême en tant que chef ou dirigeant. Il possède un tempérement de meneur d'hommes et ne se laisse en aucun cas marcher sur les pieds. Quiconque discute ses ordres sans raison peut très vite être amené à comprendre quelle est la puissance de ses coups.

{ L'histoire sera amenée à évoluer, ceci est un début... Merci de votre indulgence... }


Histoire :

Journal de Kanefer, fils de Snéfrou, Vizir du Pharaon Khéops de la IVe dynastie. Grand Voyant du temple de Rê d'Héliopolis et Général des armées du Roi. (Ecriture manuscrite, langue arabe)

Le cycle... Les présages sont mauvais, cette année. La trop forte crue du Nil éveille en moi une peur plus intense que je ne l'aurais imaginé. Cette inondation annuelle fut violente, et particulièrement impitoyable. Je ne sais que penser, et ai convoqué Kawab et Hémiounou afin de leur faire part de mon angoisse. Il en a résulté une conclusion aussi hâtive que désagréable... J'accorderais donc trop de crédit à mon intuition ? Les fous... C'est à croire qu'au delà de leur incomensurable bêtise se cache la trahison de la foi ! Comment ne pas prêter attention à ces signes avant-coureurs de désastre... Même le Gardien des chats m'a parlé d'un comportement étranges de nos félins. Je suis entouré d'hypocrites avachis au ton péremtoire et aux cerveaux d'ors et déjà vidés ma parole ! La mort se rit de nous au point de ne pas attendre le décès pour vampiriser nos sens. Je ne peux croire à ces sornettes crachées par deux débiles penseurs aux réflexions débordantes d'inutilité ! Je suis entouré de... De charlatans ma parole... Quelle honte pour l'Egypte... Quant au roi... Vautré sur son trône comme un enfant gâté... Par Osiris, je n'ose croire tout à fait à ce que je pense percevoir dans ses yeux... Un tel égoïsme, cet ego démesuré sont donc ceux de la descendance de nos Dieux... Perdition... Catastrophe... Saura-t-il seulement instaurer seul la règle de Maât, sans mon aide ? Assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel infini, être le garant d'une morale intangible et juste... Mon pauvre Khéops, que ne vois-tu pas la charge qui est la tienne ? Je te suis pour toujours dévoué, mon Roi, mais je prie... Je prie de ne pas avoir à subir la honte ultime que de te rappeller quelle est ta place, quel est ton rang ! Ô Grand Prêtre Suprême de notre monde... Redeviens l'enfant que tu as été... Le cycle... Tout cela me semble vaciller... Je dois absolument redresser les torts et sauver mon Roi. Il doit avoir l'esprit trop occupé... Je vais demander une nouvelle audience dès demain matin...

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Khéops, Khéops... Roi de Tout, mais esclave de ton propre ego. Enfermé en toi-même... Tu as changé. L'audience s'est déroulée si vite... Et selon toi, tu sauras quoi faire en temps voulu. Mon pauvre, pauvre Roi... Comme je te plains d'avoir ainsi sombré dans une délinquance aux airs de crise juvénile, abattant ton poing rageur sur la noblesse de notre monde ravagé par ton insouciance ! Seule ta soeur a daigné jeter un oeil vers moi, alors à genoux, offert, dévoué, implorant ton écoute attentive... Et alors que je m'en retournais, ayant perdu l'espoir de toucher ton coeur qui de marbre semble s'être forgé au cours des années... Seule la Déesse, la magnifique Thétis m'a suivi. Ma passion semble la toucher, et c'est heureux ! A travers elle, c'est peut-être toi, mon Roi, que je pourrai atteindre. Car c'est là la seule chance de l'Egypte. Le peuple meurt au dehors. Notre peuple. Ils sont de notre sang, ce sont nos fils, et ils t'aiment, malgré la déchéance... Thétis et moi avons longuement discuté. J'ai trouvé étrange son attitude, apparement intéressée. Mais par quoi ? Sans doute pensait-elle à un projet qui m'est inconnu. Qu'importe, elle m'a offert son attention plus longtemps que je ne l'aurais cru, et je suis reparti confiant malgré l'angoisse. Mon intuition ne peut me tromper... Les signes s'accordent, les évènements s'enchaînent et les prêtres me donnent raison. Mais toi, mon Roi, tu n'as d'yeux que pour ta personne. Tu n'es pas mauvais, je le sais, et je t'aime. Jusqu'à la mort, je tenterai d'ouvrir les portes de ton esprit, de mener de nouveau ton regard vers la lumière. Je serai là. Jamais je ne t'abandonnerai. Et jamais je n'abandonnerai notre peuple. Puisse Thétis me venir en aide...

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Voilà un mois que je n'ai plus retranscrit mes pensées sur ces parchemins. Mon attention a été accaparée par tant de devoirs... Mais c'est là ma place. J'endosse les responsabilités les plus lourdes afin que d'autres jouissent des droits qui leur sont dûs. Mais ce soir, je me devais d'écrire... Ne serait-ce que pour détendre mon esprit de ces lourdes peines qui l'agacent et font naître de véritables tempêtes mentales... J'ai presque succombé à l'une d'elle, hier. J'ai trésailli, mais Amoussia m'a rattrapé avant que je n'aille me briser le nez contre une stelle du Palais... Elle m'a ensuite étreint, et ramené dans ma chambre où les tentures accrochées aux murs ont rapidement pris des airs de fragments d'océan venant remuer au dessus de ma tête... Je suis victime de mes stressantes journées... Et de mes angoisses allant croissantes... J'ai mal... Mon coeur hurle et mon esprit martèle fort contre les parois de mon crâne... Qu'est-ce donc que cette paranoïa qui se saisit de mon âme ? Les Dieux auraient lu mes propos ? Les aurais-je faché, dans mon envie extrême d'aider mon Pharaon ? Jamais je ne l'ai rabaissé... Je ne fais que constater qu'il n'est plus lui-même, et que cela le perdra. Je ne veux pas perdre mon Roi, ni ma Reine, ni mon peuple... Ils sont tout, mon corps et mon âme leur sont offerts sans arrière pensée... Je ne suis qu'une âme qui se bat... Pour... (L'encre dessine un sombre trait continu, signe que l'écrivain s'est sans doute endormi subitement)

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Cippora m'a réveillé ce matin... C'est étrange... Depuis mon enfance, mon rythme est réglé, pareil à une horloge. Je me lève avec les premiers rayons du soleil. Accompagnant le cycle... J'ai très mal dormi... Rêves étranges... J'ai rêvé que j'habitais dans une pièce où un enfant dormait, et que malgré tous mes efforts, je ne parvenais pas à le réveiller... A la suite de quoi, un oiseau m'emportait loin de lui, à tout jamais... Perturbant. J'ai demandé à Cippora de me calmer, elle qui sait si bien s'y prendre. Ses boucles d'ébène tombant sur mon visage, je sentais alors à quel point j'étais moi-même un enfant, privé de mère. Orphelin que je suis... Merci à elle de me laisser imaginer ce qu'aurait pu être cet amour que je ne connais pas. Mais je m'égare... Cette journée a été des plus troublantes... Je n'ai pas vu le Roi, ni la Reine... J'avais pourtant demandé une audience, mais ils sont introuvables. Heureusement, seuls leur garde rapprochée et moi sommes au courant. Si cela venait à se savoir, le peuple serait paniqué... Cela dit, je ne m'en fais pas... Je les connais bien, depuis l'enfance, et ceci est tout à fait le genre de jeu qu'ils affectionnent... Disparaître ensemble, un jour, deux, une semaine... De toute façon, je suis là pour veiller sur les affaires en cours et tenir à jour le livre des charges... Par Osiris, heureusement qu'il m'a assigné cette tâche... Cet idiot de Kawab mettrait à feu et à sang l'Egypte en moins d'une année... Je ne suis vraiment pas aidé... Bref, j'espère seulement que cette escapade ne durera pas trop cette fois ci, et qu'ils en reviendront plus aptes à entendre tout ce que j'ai à dire... Car mon angoisse ne décroit pas malgré les tendresses de ma chère Cippora...

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Une semaine et un jour ! Quelle inconsience ! Mais où vont-ils chercher de telles idées ? Les Dieux sont joueurs, j'en conviens, mais nous sombrons dans la peur la plus totale ici bas. Je n'ai pas pu influencer les gardes assez longtemps, et des informations ont filtré... D'ici un jour ou deux, le peuple demandera à savoir quelle est la situation... Je dois absolument résoudre ce problème... J'y vais de ce pas.

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Discussion nocturne des servantes Cippora et Amoussia, à propos du Vizir du Roi.

- Tombé dans tes bras ?
- De fatigue... Le pauvre est en proie à une angoisse que je ne lui ai encore jamais connu. Il n'est pourtant pas du genre à sombrer dans ce genre de sentiments... Tu le sais comme moi, nous le connaissons depuis notre enfance et...
- C'est évident, il doit se passer quelque chose de grave. J'espère qu'il va aller mieux ! Mais je ne m'en fais pas. Je ne l'ai jamais vu baisser les bras devant qui que ce soit, ni devant les problèmes, ou le danger.
- Il n'a pas obtenu sa place par hasard...

Amoussia rit d'un air enfantin. Sa voix est douce et cristalline. Tout comme son amie, elle est d'une grande beauté, et ses yeux reflètent l'innocence de la jeunesse.

- Maintenant que tu me le rappelles, c'est vrai qu'il gagnait toujours quand nous jouions dans la cour du Palais. Il a toujours été un gagnant, comme garçon. C'est dans sa nature. Son goût pour l'effort est étonnant d'ailleurs... Je ne connais personne capable de s'entraîner ou d'étudier avec tant d'ardeur. A croire qu'il aime souffrir.
- Ne dis pas ça. Il sait quelle est sa place et est homme à toujours donner le meilleur de lui-même. D'ailleurs, entre nous... Je le trouve bien plus compétent que les autres Tâtys* qui passent leur temps à flaner avec les servantes...
- Ne m'en parle pas... Kawab est la honte de l'Egypte !

Elle rit de nouveau, et Cippora se fait inquiète.

- Mais tais toi ! Tu veux qu'on nous entende ?
- Mais ça ne craint rien...
- Tu diras ça au bourreau quand tu lui feras face, tu es vraiment inconsciente... Et je ne peux m'empêcher de me faire du soucis pour Kanefer malgré tes dires... Il a changé. C'est un homme bon, juste et travailleur. Ses défauts sont peut-être de ne justement pas accorder assez de temps à ses propres désirs...
- C'est ce que j'aime chez lui. Sa passion ! Ca fait définitivement son charme, tu ne trouves pas ? Je pourrais le regarder parler du Roi, de la Reine ou des Dieux pendant des heures... Il se fait si éloquent et convaincant quand il parle de ce qu'il aime.
- Oui... Cela aussi, c'est depuis son enfance. Toujours le premier debout, le premier à lever la main. Il ne rechignait jamais.

Elles marquent un temps d'arrêt, restant songeuses un instant. Cippora reprend.

- Il ne faut pas qu'il meurt de fatigue à cause de ça tout de même... Ce serait une vraie perte pour...
- L'Egypte ?
- Oui.

Discussion entre Néterapéref et Kanefer, en fin de soirée.

- Entrez.

Le premier servant du Tâty* entre avec douceur, refermant avec précaution la porte derrière lui. Il est songeur, et ses yeux scrutent les recoins du plafond, comme s'il avait peur d'être épié par quelque créature invisible ou cachée. Kanefer se retourne, assis sur sa chaise, pour tourner le dos complètement à son bureau et faire face à son jeune ami, dont l'expression le trouble.

- Eh bien, Néterapéref... Quels sont donc ces regards inquièts ? Ferais-tu la chasse aux fantômes ? Apophis* aurait-il pris ses aises dans ma chambre ?

Le sourire de Kanefer est serein et amusé. Il n'a apparement rien à craindre, lui-même. Il est d'autant plus étonné de voir son ami dans cet état que celui-ci est certainement le plus courageux des servants du Palais.

- Non, mais ces temps-ci... Je préfère... Faire attention.
- Tiens... Et pourquoi ? Assieds-toi et parlons.
- C'est que... Vous le savez comme moi Maître... Des bruits courent, des rumeurs circulent, et nombreux au Palais sont ceux qui disent avoir entrevu le Pharaon dans des postures surnaturelles. Ses yeux brillent d'une lueur que seuls les Shouts* peuvent connaître. C'est celle de l'au delà, celle de la mort. Et je...
- Néterapéref... Du calme. Je connais le problème dont tu parles. Je sais que des choses étranges se passent. Surtout, n'aie l'air de rien. J'avais de toute façon l'intention d'envoyer des espions observer concrètement de quoi la situation retourne réellement. Quoi qu'il arrive, aie confiance en ton Roi. Prie, et aie confiance.

Le Grand Vizir pose une main protectrice sur l'épaule de son subordonné. Ses yeux fins et clairs reflètent son immense détermination et sa profonde gentillesse. Il ajoute, d'un ton rassurant, mettant ainsi un terme à leur discussion :

- Tant que je serai là, l'Egypte ne sombrera pas.

~

Journal de kanefer

Je m'en doutais. La situation est critique. Jamais encore je n'avais eu à faire face directement à l'oeuvre des Dieux de la Basse Egypte. Mais Khéops a récolté ce qu'il a semé. Mes espions me l'ont rapporté, du moins, ceux qui ont pu revenir vivants... Je fais ce soir preuve d'un calme de circonstance. Sombrer dans la panique est chose tentante, mais je ne peux me résoudre à me laisser aller à la facilité. De plus, je ne peux pas avertir Kawab, qui lui, c'est certain, mettrait le pays entier en déroute à force de décisions débiles prises dans la précipitation. Je dois régler ça moi-même... Voyons... Que faire, face à cela ? Je sais que le Pharaon ne m'écoute plus, ne serait-ce qu'une seconde à présent. Mais la Reine, je vois bien qu'elle prête toujours autant d'attention à mes propos lors des audiences. Elle semble sortir de son état de transe pour me regarder, et je remercie le ciel que ce lien nous unisse. Peut-être va-t-il sauver le Roi, et la sauver Elle également. Que dis-je, cela sauverait l'Egypte entière. D'après les dires de mes espions, ils sortent en effet la nuit, et se "nourissent" d'êtres humains... Je ne dois pas sombrer... Mais quelle vision affreuse que d'imaginer cela... Que faire... Avertir les prêtres serait donner naissance à des fuites qui auraient très vite fait de mettre le pays à feu à sang... Tant pis. J'irai voir la Reine demain, espérant qu'une fois encore, elle m'écoutera. Si elle me parle de leurs problèmes, je saurai mettre tout en oeuvre pour les aider... Autrement, la mort m'attend. Mais je n'ai pas peur. A quoi me servirait-il de vivre dans l'ombre deux démons, trop lâche pour agir ? J'irai demain. Mon destin est scellé, puissent les Dieux veiller sur nous tous.

~

La nuit suivante, Kanefer osa s'aventurer dans l'antre des Jumeaux. Sa plus grande erreur fut de faire confiance à ses espions revenus en vie de leur mission, car cette nuit là, ils prirent la fuite afin d'avertir le peuple d'Alexandrie. Le lendemain serait terrible et chargé des conséquences de la lâcheté et de la peur de quelques uns. Mais cela n'était pas encore. Kanefer poussa les rideaux de perles qui le séparaient du fond d'une pièce dont la lumière était tamisée, et se confondit en excuses, apercevant Thétis allongée sur son lit de soie. Elle avait les lèvres recouvertes de sang, et Khéops n'était pas là. La fenêtre entrouverte laissait imaginer qu'il n'était pas encore revenu de sa propre chasse, tandis que la Reine avait été plus rapide. Cette nuit là, l'homme le plus dévoué d'Egypte fut récompensé de son amour sincère et incommensurable pour ses Altesses par un baiser que lui donna la Reine, profond et ensanglanté. Lorsque Thétis lui demanda s'il désirait connaître la vie éternelle, afin de pouvoir la servir pour toujours, il répondit dans un souffle glacé et privé de vie : "Non, je veux vous voir guérir et redevenir ce vous avez été."
L'inutilité de ses propos lui sauta alors au visage comme un fauve rugissant, plantant ses griffes dans ses poumons serrés par la tristesse. Thétis ne prit pas la peine de considérer sa requête, et lui insuffla la vie éternelle contre son gré. Après cela, tout ne fut plus que néant. Un noir profond et intense, vide. Puis, Kanefer se réveilla, seul sur le lit à la douceur satinée. Le volet était fermé, mais les légers rayons de soleil qui paraissaient au travers des quelques fentes au bas de ceux-ci lui donnaient la nausée. Il comprit alors pourquoi le Roi et la Reine ordonnaient de les fermer complètement, et avec soin. Il connaissait à présent la même douleur infernale à leur vue. Au dehors, le peuple hurlait la mort prochaine du souverain de l'Egypte, et Kanefer su qu'il avait échoué. Il avait pourtant tout tenté... Mais il avait perdu, à croire que son destin était de perdre au jeu de la vie, désespérement. Il frappa du poing par terre, tombant à genoux, en pleurs, faible et vagissant. Il désirait à présent que tout vole en éclat, mais su retenir sa haine, alors même que celle ci lui faisait exploser le coeur. Il allait de nouveau avoir recours à un procédé ultime. Encore une fois, il devrait oeuvrer aux limites de l'impossible. Tant pis. Telle était sa place, la place que les Dieux avaient choisi pour lui. Il l'avait bien compris.

~

Journal de Kanefer

Les Dieux ont été mis en colère, c'est certain... Et la situation n'a jamais été aussi critique, aussi loin que remontent les mémoires de nos ancêtres. Je n'ai pas le choix. Je dois agir en conséquence, tandis qu'il me reste encore mes esprits. Car qui sait ce que ce feu qui transcende ma gorge va faire de moi... Nul ne doit jamais retrouver ce que je vais inscrire ici, mais je dois l'inscrire. Ces mots seront à jamais les seules preuves de l'acte totalement fou que je m'apprête à commettre. Mais c'est le seul moyen de préserver notre Egypte. C'est la seule paix possible... Je l'ai pensé, encore et encore durant des heures... Et c'est la seule solution. Moi, Kanefer, en mon âme et conscience, je décide de couvrir la fuite de mon Roi, et le fais remplacer secrètement sur le trône par Néfermaât, son petit frère direct, qui m'a juré sur sa vie, son honneur et sa foi qu'il ne révèlerait jamais cette déchéance, et ce jusqu'à la mort. Dès à présent Néfermaât s'appellera Khéops, et règnera sur l'Egypte. Quant à moi... Je lègue mon nom et mon rang à Néterapéref, l'un de mes servants, de loin le plus intelligent et le plus capable. Par tous les Dieux, mais que fais-je... C'est le seul moyen. C'est le seul moyen... Je ne veux pas voir l'Egypte s'effondrer, privée de Roi... Khéops... Tu m'as abandonné, mais je ne t'abandonnerai pas. Pardonne moi... C'est le seul moyen... Thétis... Thétis...

Ceci est la fin d'un règne, le terme d'une époque, la révolution de nos existences. Personne, jamais, ne lira ces lignes.

(Les pages suivantes sont restées vierges, et à présent sont jaunies par le temps. Ce livre à la couverture de cuir noir gît quelque part, dans un temple perdu, enseveli sous les sables du Sahara.)



*Tâty : Vizir en ancien egyptien.
*Shout : L'ombre à l'intérieur de l'être.
*Apophis : Monstre de la mythologie egyptienne.

Très belle fiche ! Un plaisir de lire, mais je te l'ai déjà dit. Tu racontes l'Egypte d'une façon qui me plaît beaucoup ! Pour ma part, tu es d'or et déjà validé, mais je vais attendre que Khéops lise ta fiche car ton personnage nous concerne tous les deux. =)

Que dire d'autre que Fiche Validée !, avec l'approbation de tes deux souvenains.

Post scriptum:

Bienvenue à la maison ami fidèle...

Et apophis, ce n'est pas le dieu serpent de la nuit non?